Les plateformes de mission freelances, avenir du travail indépendant ?
Elles sont dans l’air du temps, et veulent faciliter la mise en relation des travailleurs indépendants – dont le nombre explose ces dernières années – avec les entreprises. Les plateformes à missions, ou plateformes de consulting freelances sont-elles faites pour vous ? Font-elles bon ménage avec le portage salarial ?
Ca y est, vous avez décidé de sauter le pas ! Comme vous, plus de 3,6 millions de personnes ont choisi de devenir travailleurs indépendants en France (Bilan 2019 de l’Acoss, la caisse nationale du réseau URSSAF). Une population aux statuts et métiers hétérogènes, qui connait une croissance bien supérieure à celle de la population salariée ces dix dernières années.
Un vent de liberté qui a aussi ses contraintes : « Au quotidien, l’instabilité des revenus et la solitude pèsent ; il faut savoir tout faire et tout assumer : l’administratif, la comptabilité, vendre, oser se vendre, gérer le digital et les réseaux sociaux, la relation client et le web marketing… Devenir une entreprise à soi tout seul est un sacré défi. Ça ne s’improvise pas, pas plus qu’on ne s’y « forme » avec des consultants pour quelques milliers d’euros », constatent plusieurs entrepreneurs indépendants, dans une Tribune parue sur le site Maddyness.
Pour démarrer, ou se sentir moins seuls, de nombreux indépendants se tournent vers les marketplaces de freelances. Des plateformes en ligne – généralistes ou spécialisées – dont le nombre a explosé ces dernières années. On en recense aujourd’hui plus d’une centaine. Leur service ? Mettre en relation travailleurs et entreprises, en prélevant au passage une commission. S’ajoutent parfois des services spécifiques, comme le suivi du temps de travail ou la gestion de la facturation, des formations et webinaires, etc.
Ces marketplaces sont-elles devenues incontournables ? C’est la question posée par Les Echos Entrepreneurs, dans un article mis en ligne le 7 juin dernier. Leur modèle économique séduit, aussi bien les travailleurs indépendants que les investisseurs… Malt, une de ces plateformes au leadership mondial, vient ainsi de boucler une levée de fonds de 80 M€.
Pourtant derrière les promesses de façade, la réalité apparait moins idyllique. Si elles semblent donner un accès à un grand nombre de missions, ces plateformes offrent en réalité à un nombre restreint d’indépendants la capacité de vivre du flux de business généré. D’autant que les plateformes instaurent de fait une concurrence forte entre les personnes inscrites, qui se voient réduites à une compétence et un prix aux yeux des donneurs d’ordre. Et à un système d’évaluation qui peut se révéler discriminatoire.
C’est le constat de Sophie Agrapart, freelance en publicité et communication, qui témoigne pour Les Echos Entrepreneurs : « C’était comme être choisie dans un magasin. Et je ne veux pas être considérée comme un objet », pointe-t-elle dans l’article. « Un client, c’est des échanges d’idées, de points de vue, de tendances… Une relation qui se fait petit à petit », poursuit-elle plus loin. Un relationnel que l’on ne construit pas sur une plateforme.
De fait, s’ils gagnent en visibilité auprès de clients potentiels, les inscrits ont aussi plus de mal à créer une relation durable avec eux. Enfin, si certaines plateformes revendiquent une approche généraliste, on constate que les compétences proposées tournent principalement autour des métiers de l’IT, du design, de la communication. Et que les missions se concentrent dans les grandes villes, et principalement en région parisienne.
Jusqu’alors peu encadrées, ces plateformes numériques de travail sont aujourd’hui scrutées par les législateurs, qui cherchent à mieux les réglementer. C’est tout l’enjeu du rapport Frouin, qui s’intéresse en premier lieu aux plateformes de VTC et de livraison, mais par ricochet au fonctionnement de toutes les autres plateformes à missions.
Ce rapport préconise que les travailleurs des plateformes de VTC et de livraison, après 6 à 12 mois d’activité et un certain niveau de chiffre d’affaires, soient dans l’obligation de s’affilier à un tiers pour les sécuriser. Ce tiers, librement choisi entre les coopératives d’activité et d’emploi (CAE), les sociétés de portage ou d’autres formes, donne aux travailleurs un statut de salarié et toutes les protections du salariat, sans remettre en cause leur autonomie.
Un non sens selon Muriel Ancel, dirigeante de Needexperts. « L’indépendance c’est un choix, on ne la subit pas. Chacun doit être libre de choisir le mode de fonctionnement qui lui correspond. » D’autant qu’il existe un frein conséquent lié au cadre législatif du portage salarial. Aujourd’hui, 60% des actifs sont exclus du portage salarial, qui nécessite de générer un salaire minimum mensuel brut de 2 483,25 euros bruts mensuel en 2018.
Le rapprochement entre les plateformes de missions et les sociétés de portage salarial n’est pas un phénomène nouveau. Il se heurte pourtant là encore à un frein législatif, le risque étant que ces sociétés de portage se voient requalifiées en entreprise de service par l’inspection du travail. Avec le risque que les freelances des sociétés de portage concernées y perdent quelques plumes au passage.
Et vous, avez-vous ou êtes-vous inscrits sur une de ces marketplaces dédiées aux freelances ? Votre avis nous intéresse ! N’hésitez pas à commenter et à réagir à l’article !
Article rédigé par Adelise Foucault pour Needexperts –
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