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Le CDI de Chantier et le Portage Salarial : Est-ce Compatible ?


Needexperts - 13 mars 2025 - 0 comments

CDI de Chantier en Portage Salarial : Quels sont les risques ?

Le CDI de chantier est un contrat de travail spécifique souvent utilisé dans le secteur du BTP et certains autres domaines où les projets sont par nature temporaires. Cependant, son application dans le cadre du portage salarial soulève plusieurs interrogations, notamment en raison des contraintes légales et des risques pour les entreprises clientes et les sociétés de portage. Décryptons cette question en profondeur.

Le CDI de Chantier : Définition et Cadre Général

Le CDI de chantier, ou CDI d’opération, est un contrat à durée indéterminée dont la particularité est d’être conclu pour la réalisation d’un chantier ou d’une mission spécifique. Il prend fin lorsque l’opération pour laquelle il a été signé est terminée. Ce type de contrat est principalement utilisé dans les secteurs suivants :

  • BTP (construction, rénovation, travaux publics),
  • Ingénierie et bureaux d’études,
  • Industrie navale et aéronautique,
  • Certaines prestations informatiques en mode projet.

Bien qu’il s’agisse d’un CDI, il se distingue du CDI classique par sa flexibilité en matière de rupture, qui ne constitue pas un licenciement économique si elle est justifiée par la fin du chantier.

Le Cadre Légal du CDI de Chantier

Le CDI de chantier est encadré par le Code du travail et doit respecter certaines conditions pour être valide :

  • Il doit être prévu par une convention collective ou un accord de branche (Article L1223-8 du Code du travail).
  • Le motif du contrat doit être clairement défini.
  • L’employeur doit justifier de la fin du contrat par l’achèvement du chantier (Article L1236-8 du Code du travail).

Les modifications apportées par la réforme du Code du travail en 2017

La réforme du Code du travail portée par les ordonnances Macron du 22 septembre 2017 a précisé et encadré davantage le recours au CDI de chantier :

  • Introduction d’une rupture plus sécurisée : l’achèvement du chantier ne peut pas être invoqué comme un motif automatique de rupture ; il faut une justification claire (Article L1236-8 du Code du travail).
  • Obligation d’information : l’employeur doit mentionner dans le contrat que le licenciement interviendra à la fin du chantier et préciser les conditions de rupture.
  • Droits des salariés renforcés : le salarié bénéficie d’une indemnité de licenciement et peut prétendre à l’assurance chômage selon les conditions générales applicables.
  • Contrôle renforcé : pour limiter les abus, les conventions collectives ou accords de branche doivent encadrer les conditions d’application du CDI de chantier et prévoir un accompagnement des salariés en fin de mission.

Ces modifications ont rendu l’utilisation du CDI de chantier plus stricte et ont visé à mieux protéger les salariés tout en conservant la flexibilité pour les entreprises concernées.

Portage Salarial : Un Contexte Différent

Le portage salarial repose sur un triptyque :

  1. Le consultant (salarié porté) qui effectue la mission.
  2. L’entreprise de portage qui l’emploie en CDI ou CDD.
  3. L’entreprise cliente qui bénéficie des prestations du consultant.

Le portage salarial est régi par l’ordonnance du 2 avril 2015 et impose des règles strictes :

  1. L’entreprise de portage doit salarier le consultant avec un contrat de travail (CDI ou CDD).
  2. Le contrat ne peut pas être un CDI de chantier, car ce dernier est réservé aux secteurs qui en bénéficient légalement.
  3. Le salarié porté doit percevoir un salaire minimum et bénéficier d’une autonomie dans l’exécution de ses missions.
  4. Le portage salarial ne peut pas utiliser le CDI de chantier, car aucun accord de branche étendu ne le permet. En effet, la branche professionnelle du portage salarial doit préalablement signer une convention ou un accord collectif étendu pour autoriser ce type de contrat, ce qui n’est pas le cas actuellement.

En conséquence, un consultant en portage salarial ne peut pas être embauché sous CDI de chantier, car ce contrat ne correspond pas au cadre juridique du portage salarial.

Les Risques pour les Clients et les Sociétés de Portage

L’utilisation d’un CDI de chantier en portage salarial est juridiquement risquée. Voici les principaux dangers encourus :

Pour les Entreprises Clientes

  • Requalification du contrat : Si un salarié porté est embauché sous CDI de chantier, l’administration ou un tribunal peut requalifier la relation en contrat de travail classique, avec toutes les obligations qui en découlent (cotisations sociales, indemnités de rupture, etc.).
  • Risque de co-emploi : En cas de litige, l’entreprise cliente pourrait être reconnue comme co-employeur, ce qui entraînerait des conséquences financières et sociales.

Pour les Sociétés de Portage

  • Sanctions en cas de non-conformité : L’inspection du travail peut sanctionner une entreprise de portage qui utiliserait abusivement le CDI de chantier.
  • Perte de la qualification de portage salarial : Si les pratiques s’écartent trop du cadre légal, l’entreprise de portage pourrait être exclue de ce statut et voir son modèle économique fragilisé.

Conclusion

Le CDI de chantier et le portage salarial reposent sur des logiques juridiques distinctes. Alors que le premier est conçu pour des entreprises réalisant des projets temporaires, le second vise à offrir aux consultants une flexibilité et une protection sociale accrues. L’utilisation d’un CDI de chantier dans le cadre du portage salarial est donc incompatible et présente des risques majeurs pour les entreprises concernées.

Pour les consultants souhaitant exercer en portage salarial, il est donc essentiel de privilégier un CDI classique ou un CDD conforme à la réglementation. Les entreprises clientes doivent, quant à elles, veiller à respecter les bonnes pratiques pour éviter tout contentieux.

Vous souhaitez en savoir plus sur le portage salarial et les contrats adaptés à votre situation ? Contactez-nous !

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